Historique, attachant, troublant

Filles de la mer De Mary Lynn Bracht

Résumé

Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.

Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat.

Craignant pour sa sœur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une « femme de réconfort » en Mandchourie.

Ainsi commence l'histoire de deux sœurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, ce livre dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie.

Mon avis

Véritable témoignage d’une époque taboue, révélée très récemment par quelques survivantes de ce cauchemar de guerre, "Filles de la mer" est un roman dur, âpre, où l’amour filial triomphe.

Ce récit alterne les propos de Hana et Emi où l’une se sacrifiera au profit de sa sœur. Impossible de rester indifférent.

Mais qui étaient « les femmes de réconfort » ?.

Au fil des pages nous apprendrons ce que Hana a vécu de cet euphémisme qui désigne les jeunes filles servant d’esclaves sexuelles dans l’armée impériale japonaise durant la guerre d’Asie-Pacifique (1931-1945).

Sur le point historique, il fallut attendre une cinquantaine d'années pour que les langues se délient et que s'opère une rupture avec un passé fait de silences et de refoulements.

Vers la fin de leur vie, certaines femmes ont décidé de témoigner et d'obtenir réparation.

En août 1991, Kim Hak-sun (1924-1997) osa ainsi parler publiquement de sa jeunesse saccagée et de sa vie brisée, donnant à d'autres femmes le courage d'entamer une action en justice en décembre de la même année.

Le gouvernement japonais a accepté, le 28 décembre 2015, d’indemniser les 46 « femmes de réconfort » coréennes encore vivantes et reconnu la responsabilité de l’État dans cette tragédie.

Longtemps oubliées avant de devenir des héroïnes nationales, ces esclaves sexuelles des occupants japonais continuent de susciter le débat, politique et historique.

Résumé

Je ne connaissais que très peu cette part de l'Histoire et je pense qu'elle demeure encore bien trop méconnue auprès de bon nombre d'entre nous ! Un roman qu’on ne lâche pas, et qui laisse l’encoche du devoir de mémoire chez son lecteur.

Note

20/20