Tokyo, 1938.
Quatre musiciens amateurs passionnés de musique classique occidentale se réunissent régulièrement au Centre culturel pour répéter.
Autour du Japonais Yu, professeur d’anglais, trois étudiants chinois, Yanfen, Cheng et Kang, restés au Japon, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l’Empire est en train de plonger l’Asie.
Un jour, la répétition est brutalement interrompue par l’irruption de soldats.
Le violon de Yu est brisé par un militaire, le quatuor sino-japonais est embarqué, soupçonné de comploter contre le pays.
Dissimulé dans une armoire, Rei, le fils de Yu, onze ans, a assisté à la scène.
Il ne reverra jamais plus son père...
L’enfant échappe à la violence des militaires grâce au lieutenant Kurokami qui, loin de le dénoncer lorsqu’il le découvre dans sa cachette, lui confie le violon détruit.
Cet événement constitue pour Rei la blessure première qui marquera toute sa vie...
Mon ressenti
Sortie de ma zone de confort, j'ai découvert : "Âme brisée".
J'avoue avoir eu une légère appréhension qui s'est trouvée vite effacée.
L'opus débute par une scène explosive puis une à une, les pages défilent et emportent sur une écriture douce évoquant la couleur sépia.
C'est un roman sur la musique, sur la transmission, sur la guerre, sur la fidélité des origines, sur l'amitié, sur l'amour, sur la beauté du silence qui suit une sonate...
L'histoire se déroule de la fin des années 1960 au printemps 2005, au Japon puis en Europe.
Chacun des chapitres est empli de volutes et d’échos.
Akira Mizubayashi a mis de l'eau dans mes yeux, sous la délicatesse de sa plume, son intelligence, son élévation de l'âme, jouant constamment sur le double sens du mot âme.
Cette âme dont il est également question dans le titre et renvoie à la petite pièce d’épicéa essentielle à la propagation du son d’un instrument à cordes.
"Âme brisée", sixième livre de cet auteur, est un hommage à la musique comme remède à la violence mais pas que....
Il y a beaucoup de paix et de sérénité dans ce roman malgré l'extrême douleur.
Ce livre est une sorte d'onguent très doux, à la fois apaisant et émouvant.
Et c'est bien là, la force de l'auteur car chacun sait qu'il est difficile de réparer les âmes brisées...
A noter : "Âme brisée" a été récompensé par le prix des lecteurs des écrivains du sud 2020 ville Aix-en-Provence puis, par le prix de la ville de Deauville 2020 - Festival des livres and musiques